Le Bogolan est un tissu emblématique de la culture malienne empreint de valeurs, un art de vivre ancestral typiquement Mandingue, un véritable symbole d'africanité, c'est une richesse culturelle du continent africain.
C'est au centre du Mali, dans la région de Ségou que seraient apparus les premiers bogolans et c'est là que la tradition se perpétue.
Né il y a plusieurs siècles, ce tissu ancestral date d'une époque où les habitants de ces régions étaient animistes et ce tissu avait donc une signification importante dans les étapes marquantes de la vie par la signification des symboles dessinés sur ces bandes de coton.
Le terme Bogolan signifie bogo = terre et lan = « issu de»
Le Bogolan est créé à partir de de longues bandes de coton d'origine local (le Mali est un grand producteur de coton) filées et tissées sur métier à tisser traditionnel et cousues ensemble à la main avant d'être teintées artisanalement et confectionnées ensuite en pagne, vêtement ou tenture.
La teinture est à base d'argile (terre ou boue du fleuve Niger) et de diverses plantes (macération de feuilles) et d'écorces naturelles. Les matériaux utilisés sont essentiellement minéraux et végétaux.
La première étape consiste à tremper la bande de tissu en coton blanc dans une macération de feuilles broyées qui est ensuite séchée au soleil avant d'appliquer la première couche de boue ferrugineuse. Commence alors l'étape des dessins symboliques.
Le tissu est de nouveau séché, lavé et on applique la seconde couche d'argile puis il sera retrempé dans des décoctions pour renforcer et fixer la couleur naturellement. L'Art du Bogolan repose sur le dosage de ces macérations de matières naturelles et sur la signification et codification des motifs et dessins graphiques. La coloration varie autour du blanc, noir et rouge (= couleur terre cuite).
La signification des motifs peut varier d'une région à l'autre ou d'un artiste à l'autre et représente en général des scènes de la vie quotidienne et transmet des messages de savoir-vivre à la communauté (maintenir la paix, faire des hommages).
Jusqu'à une date récente, seules les femmes réalisaient des Bogolan, ce qui pouvait leur éviter les travaux pénibles des champs. Elles étaient réputées pour leur savoir-faire et leur parfaite connaissance des dessins et idéogrammes. La transmission de cette technique s'est transmise de génération en génération. Ceux sont ces femmes mandingues qui ont utilisé le Bogolan comme instrument de communication vis à vis de la communauté en dessinant des motifs graphiques sur les vêtements de leurs maris.
Mais ce tissu était également utilisé en pagne pour leur mariage, y placer leur premier enfant, pour les enterrements et en protection (antiseptique naturel) pour les jeunes circoncis grâce à la plante utilisée pour la teinture (le N'galama).
Ce tissu à haute valeur symbolique marquait également l'appartenance à un groupe de la communauté par exemple, les chasseurs.
Le Bogolan est très apprécié pour l'esthétique de ces dessins symboliques et motifs géométriques. Les artistes contemporains s'en inspirent et les créateurs de mode et de décoration se sont emparés de ces signes africains très graphiques.
Pour aller plus loin, je vous conseille « Au fil de la parole » Edition du Musée Dapper